Un des plus gros changements dans la vie de Nino, et dans la nôtre, ces derniers temps, c’est la personne qui s’en occupe quatre jours sur cinq, lorsque nous travaillons. Après avoir été gardé par sa maman pendant quatre mois, puis par sa grand-mère paternelle jusqu’à ses treize mois, Nino va désormais chez la nounou !
Pour plein de raisons très personnelles, c’était le bon moment pour nous. C’était le moment pour Nino de sortir un petit peu de cette bulle familiale, de rencontrer de nouvelles personnes. L’occasion aussi d’être gardé en dehors de son environnement habituel (sa maison), et d’acquérir un rythme routinier qu’il reconnaisse parfaitement.
Après quelques semaines d’adaptation, je me sens enfin suffisamment légère et en confiance pour en parler. J’ai vécu (assez tard, j’avoue avoir conscience de ma chance) les angoisses de la maman qui laisse le matin son enfant à une personne étrangère. Je pensais m’être suffisamment préparée à ce genre de réactions. Je pensais pouvoir me maitriser à 100%. Je pensais être « au dessus de tout ça » et très sincèrement, je ne pensais pas faire partie de cette portion de mamans qui s’inquiètent à ce point. Je me voyais comme une maman concernée, certes, mais quand même plutôt zen. Moralité ? Tant qu’on n’a pas vécu une situation, il est impossible de savoir quelle sera notre réaction !
Et la vérité, c’est que j’ai vécu une panique horrible. J’ai déposé mon fils le matin chez sa nounou. Mon Nino était très calme, très en confiance. Il avait déjà rencontré sa nounou à plusieurs reprises, y compris chez elle avant le premier jour de garde, et n’a pas été surpris outre mesure puisqu’il avait déjà l’habitude de me voir partir le matin. Il m’a gentiment fait « coucou » de la main en comprenant que je partais, bien calé dans les bras de cette dame, une femme si gentille, mais une femme qui n’était pas moi, pas un membre de la famille, pas un ami proche. Une inconnue, une étrangère, avec mon bébé dans les bras. Je suis partie, les pieds de plomb et l’estomac retourné. Je suis allée travailler, une boule dans le ventre, et la peur chevillée au corps. Une peur irrationnelle, incompréhensible, indescriptible. Une peur comme je n’avais jamais vécue depuis la naissance de mon fils. La peur de ne pas retrouver mon bébé, la peur qu’il soit parti quand je reviendrai taper à la porte le soir, la crainte de ne jamais revoir mon enfant…
Heureusement, notre nounou (avec l’aide de Benoît, bien plus zen que moi), a régulièrement apaisé mes craintes en m’envoyant plein de photos de Nino tout au long de cette première journée. Nino qui joue avec son fils de huit ans, Nino avec son doudou, ses jouets et un grand sourire, Nino au parc, Nino qui dort comme un bienheureux à l’heure de la sieste … Pas grand chose, et tout à la fois. Évidemment, mon bébé était là quand je suis retournée le chercher, et dès qu’il m’a tendu les bras pour un câlin bien mérité par nous deux, je me suis sentie bête. J’ai eu ce jour-là un exemple de plus de l’amour animal qui nous lie à nos enfants, cet élan irrépressible que l’on ne peut par définition pas maitriser.
Nino, quant à lui, s’est très bien adapté à son nouveau rythme. Le matin, il se réveille de bonne humeur, je lui explique le programme de la journée, puis quand nous partons pour chez la nounou il montre le chemin du doigt en s’écriant « nounou !! » le sourire aux lèvres. Je craignais que cet enthousiasme ne soit que passager, l’attrait de la nouveauté, et qu’il ne soit triste ou déçu quand il comprendrait que c’est quelque chose de durable, mais non, tout s’est bien passé. J’apprends à lui faire confiance chaque jour un peu plus, et je suis persuadée que nous avons pris une bonne décision. Il dort mieux la nuit, il fait foule de choses intéressantes avec d’autres enfants en journée, il développe ses capacités d’adaptation et de nouveaux repères, en bref il s’épanouit. Et forcément, il s’éloigne, mais même si c’est un peu douloureux pour mon cœur de maman, c’est très bon pour son équilibre à lui !